"Les fort(es) en gueules": le Bon Dieu et la morale

Qu'est ce que je fais ici? Je ne comprends pas, je suis une honnête femme et voilà qu'on m'emmène en prison, avec les malhonnêtes et les voyous. Mais, moi je suis une femme bien, pas de cette racaille.

Tout ça à cause de cette trainée. Mais ils vont vite comprendre que c'est la faute à la greluche. Oui, moi je n'ai fait que ce que le Bon Dieu et la morale dictaient. C'est cette greluche, oui, c'est elle. Toujours à se promener en cheveux, à courir partout, à se fourrer avec les garçons. D'ailleurs, ça la gênait pas, hein, de se promener à moitié dépoitraillée et de rire aux éclats. Rire aux éclats, comme si le Bon Dieu nous avait mis sur cette Terre pour rire!

Oh que non, moi je suis une femme bien, honnête, travailleuse, pas une rigoleuse de bas étage. Je sais bien ma place moi. Pour sûr, la souffrance je connais. Et les hommes à la main leste aussi, je les connais bien. Mais ils ont bien raison. Il faut les dresser les femelles, comme disait mon père. Parce que oui, tant qu'on a pas le Bon Dieu et la Bible dans le cœur, nous, les femmes, sommes des femelles avec des appétits pervers. C'est bien pour ça que les hommes pèchent. C'est de la faute aux femelles

Oh oui, cette greluche, elle avait besoin qu'on lui redresse la morale. Pour tout vous dire, elle avait le diable au corps, oui voilà. Les regards qu'elle lançait autour d'elle, je vous le dis, c'était rien que pour les amouracher tous. Même mon homme, tiens, il pouvait pas résister. Elle l'aguichait avec ses grands sourires de sainte nitouche. Mais moi, je voyais clair dans son jeu, la gourgandine. Elle l'aguichait, oui, je vous le dis, elle l'aguichait. Et lui, qu'était même pas capable de lui filer une rouste. Un faible, un lâche.

Alors, j'ai fait ce qu'il fallait faire. Lui couper ses cheveux de vaniteuse. ça a saigné, pour sûr. Et puis la mettre dans le bain, l'eau froide de janvier, pour lui laver le péché de l'intérieur. Comme le baptême de Notre Seigneur. Alors, là oui, elle était bien bleue en sortant et puis elle riait plus. Elle respirait pas non plus, ils m'ont dit. Mais ça, cette enfant, elle avait le péché chevillé au corps. Je le sais, je l'ai enfantée. Oui, je vous jure, le diable au corps, même à 5 ans.

Donc, une belle histoire glauque (je m'essaie à l'écriture de genre) avec pour point de départ une photo d'une criminelle des années 20 d'Australie (et une grande inspiration de mon arrière-grand-mère pour le langage, la seule personne que j'ai connue à utiliser l'expression "être en cheveux", enfin, pour le côté psychopathe, je me suis basée sur la maman dans Psychose, hein, pas mon arrière-grand-mère). Tout ça c'est pour un concours bien rigolo qui a lieu là. Et vous pouvez voter pour moi (enfin, z'êtes pas obligés non plus). Sinon, je reviens aussi bientôt avec un nouveau post sur des cosmétiques.

Bonne soirée les petits loups

Comments

[Aude]

J'adore!!

[l'Ornitho]

C'est au poil ce truc en cheveux ;)

[plumine]

Fort et bien mené, ça sonne juste et colle tout à fait avec la photo !

Ca fait froid dans le dos, le sentiment d'innocence de cette femme..

[Elleirame]

De passage ici suite au concours de l'ornitho, je découvre ce texte glauque, et sordide à souhait ! Yep !!

[dominique]

Encore un texte que je découvre avant le vote ! Colle parfaitement à l'idée que l'on pourrait se faire du personnage. Délit de faciès direz-vous ! :wink:



ps : c'est bien compliqué pour mettre un comm. !